Vous avez entendu parlé de l'affaire des Pussy Riot? Ces trois jeunes
femmes punk condamnées à deux ans de camp, en Russie, pour avoir
organisé un happening anti-Poutine dans une Église. Le procès des ces
jeunes femmes a été règlé en deux temps trois mouvements. Un procès
stalinien, dit-on même. Depuis, plusieurs organisations à travers le
monde se mobilisent et contestent ce procès injuste. Parmi eux, des
groupes de chrétiens orthodoxes. Pourtant, d'autres groupes chrétiens
crient aux blasphèmes et aux sacrilèges. Mais qu'est-ce que ces trois
Punkeuses ont-elles fait de si terrible?
Tout n'est pas encore très clair dans cette histoire. Mais, en gros,
elles ont, au cours d'un spectacle donné dans une église, demandé à Dieu
de chasser Poutine de pouvoir. Il semblerait qu'elles contestent aussi
le soutien au régime Poutine de la hiérarchie de l'Église orthodoxe. Le
problème vient de la traduction ou du sens qu'on donne à leur texte.
Beaucoup de traductions circulent sur le Net. Plusieurs s'entendent
pour dire que celle de Galia Ackerman, journaliste et essayiste, est
probablement une des plus fidèles à l'originale. (Voir l'excellente
interview dans Libération). Voici un bref extrait :
- "Vierge mère de Dieu, chasse Poutine, chasse Poutine, chasse Poutine.
Soutane noire, pattes d'épaules dorées, tous lesparoissiens rampent
pour s'incliner."
- "Chiasse, chiasse, chiasse de Dieu ", "Vierge mère de Dieu, deviens féministe."
Ces paroles ont donc choqué quelques chrétiens. Bien que tout reste
nébuleux puisque certaines personnes, comme Carol Rumens, traduissent le
mot "sran" (chiasse) par conneries. Pour elles, la chanson dit "tout
simplement que tout ce bazar religieux contrôlé par l'État, ce sont des
conneries". Vous en conviendrez, il y a donc place à l'interprétation.
Cependant, dites-moi, cela valait-il deux ans de prisons? Remarquez
bien que, lorsque Jésus a piqué sa colère au temple, il a touché l'image
des chefs juifs et leur autorité. Après cela, je suis sûr que bien plus
de personnes voulaient sa mort. Alors, dans cette fameuse affaire, si
jamais on peut parler d'un manque de respect religieux (ce qui ne semble
pas être si certain), peut-on parler de paroles dangereuses au point
d'entrainer une telle condamnation?