Il était une fois, SEVERN CULLIS-SUZUKI, douze ans. Elle a créé, avec trois amies, un organisme nommé E.C.O. (Organisation des enfants à la défense de l’environnement). Trouvons-la en 1991. Après avoir amassé tout l’argent nécessaire, elle se rend à Rio pour parler devant les intervenants d’un sommet spécial des Nations Unies sur l’environnement. Elle aura droit à sept minutes. Durant tout ce temps, elle assène une véritable giffle à la figure des dirigeants du monde.
Elle est là, dit-elle, parce qu’elle se bat pour son futur. « C’est beaucoup plus dur et plus important que des élections ou des points à la bourse. » Partout dans le monde, des enfants ont faim, sont sans abri ou au cœur d’une guerre. Elle avoue sa peur du soleil à cause de la couche d’ozone, de l’air polué ou de l’eau où elle pêchait avec son père avant qu’ils y trouvent des poissons cancéreux.
Elle lance en pleine face des puissances mondiales le fait qu’ils parlent des problèmes comme s’ils connaissaient les solutions ou qu’il y avait encore beaucoup de temps devant eux. « Sommes-nous, les enfants, au moins dans vos priorités, les interpellera-t-elle? Vous êtes pères, mères, frères, sœurs, oncles, tantes avant d’être des dirigeants, des politiciens, des hommes d’affaires. »
Si un enfant de douze ans comme elle comprend qu’un seul monde est une même famille qui doit avoir un même objectif, qu’attendent les décideurs, se demande-t-elle? Comment ne voient-ils pas que tout l’argent dépensé dans les guerres pourraient nourrir, vêtir, loger, éduquer l’ensemble des enfants et des humains de la terre. Elle leur fait la démonstration que si dans les écoles, tout ce beau monde, tient à ce que les enfants apprennent le partage, l’entraide, le respect… aucun d’eux ne fait ce qu’il dit.
Aujourd’hui, cet enfant —fille du généticien canadien David Suzuki — est devenue grande et est diplomée en écologie et en biologie évolutive de l’université de Tale. Elle se pose sûrement la même question que vous et moi; à savoir si quelque chose à changer vingt ans plus tard. Mais, à l’époque, elle finira son discours en interpellant les adultes que nous sommes en disant : « Ce que vous faites me fait pleurer la nuit! Que vos gestes reflètent vos paroles. » Qu’attendons-nous?
(Chronique publiée dans la revue Notre-Dame-du-Cap de janvier 2012)
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